dimanche 18 septembre 2011

Myst et l'écriture

   Vous connaissez Myst ? Non ? Pour ceux qui n'ont pas passé du temps à s'émerveiller devant ce jeu (personnellement, je ne pouvais pas vraiment faire plus ! Je n'avais même pas 10 ans quand j'ai commencé à y jouer ... et nous n'avons plus les CDs :( si quelqu'un veut m'offrir realMyst sur Steam, remarquez ... =p). Le jeu est sorti en 1993 sur Mac et 1994 sur Windows, et a été crée par les frères Robyn et Rand Miller. C'est un jeu d'aventure assez tordu, qui était, à l'époque, fourni avec un petit livret contenant toute la solution du jeu !  



   Myst, pour moi, c'est avant tout une ambiance et un univers graphique formidable. Je ne jouais pas, je me baladais dans ce jeu - puisque de toute façon je ne comprenais pas la plupart des puzzle. L'histoire tourne autour de l'arrivée de "l'Etranger" (le joueur) sur l'île de Myst, où deux frères sont enfermés dans des livres ...

   Quand je tricote, j'aime bien avoir quelque chose à regarder. Je ne suis pas particulièrement fan des séries, je ne regarde pas trop de film ... alors je regarde des Let's Play, càd des vidéos de personnes en train de jouer à des jeux-vidéos et qui commentent le tout. La semaine dernière, j'ai regardé les trois Zork ... ce qui a rappelé Myst à mon bon souvenir (on nous avait prêté Zork : Nemesis quand j'étais plus jeune). Youkaïdi, youkaïda, super, me dis-je ! Un nouveau jeu à regarder en LP ! Et peut-être que je pourrais enfin comprendre ce qui se trame derrière ce jeu ...

   J'en suis actuellement à Myst III : Exile. Et je me suis pris un coup pas possible en regardant Riven. Pourquoi ? A cause du scénario. Un scénario qui tourne ... autour de l'écriture. 



   L'écriture est sacrée pour moi. C'est un moyen de donner de l'énergie à des mondes internes ou externes, c'est un moyen d'honorer les Dieux, c'est un moyen de se libérer. Dans le cadre de l'écriture de roman, je vous renvoie à la théorie des Univers Imbriqués de Yuna, qui explique beaucoup sur ma façon d'appréhender l'écriture (en endossant un rôle à la fois de démiurge et de transmetteur).

   Dans Riven, le fonctionnement des livres D'ni présents dans l'univers de Myst nous est expliqué. Il en existe deux sortes (en dehors des journaux qu'on retrouve partout, parce que tout le monde aime avoir un petit journal avec soi :D) : les livres qui décrivent ("descriptive books") et les livres qui lient ("linking books"). Les premiers sont, bien entendu, les plus rares. Leur principe ? L'écrivain y décrit un univers, et le livre devient alors un portail vers l'univers qui ressemble le plus à cette description. Il est à noter qu'il est possible de modifier le livre qui décrit un univers particulier ... mais le danger est que, en y introduisant des contradictions (comme ce qui est arrivé dans le livre décrivant Riven), le monde devienne instable et finisse par être détruit ! Si le livre qui décrit est détruit, le lien vers le monde décrit est détruit de façon irréversible, ce qui explique l'utilisation de livres qui lient, puisqu'ils sont des liens secondaires vers ce monde (qui sont liés au livre de description - si celui-ci est modifié, les livres qui lient se modifient en conséquence).

   Ce qui m'intéresse, dans ce fonctionnement particulier, c'est l'idée d'instabilité à partir du moment où le monde lié est décrit avec des contradictions, et qu'un même monde peut possédé différents liens permettant d'y accéder. Pourquoi cela m'intéresse ? C'est, bien entendu, en rapport avec les univers imbriqués.

   Dans le cadre où nous ne sommes pas le créateur de cet univers (ni même, à la "base", son transmetteur principal, pourquoi pas ! Hé, j'écris de temps en temps des fanfictions, n'oubliez pas ;) ), il est intéressant de se poser la question des liens multiples qu'un seul univers (et ses dérivés, ses "univers alternatifs" en somme, comme le disent si bien ceux qui écrivent des fanfictions). Comment peut-on écrire sur le même univers et en tirer des interprétations parfois radicalement différentes ? Comment les interventions de plusieurs personnes peuvent influencer le développement d'un univers ? 

   Les univers collectifs existent, après tout : les différents mondes de Donjons & Dragons (Faéruuune \o/ L'Epine Dorsale du Mooonde !), qui se trouvent dans des romans (R.A.Salvatore et Drizzt, anyone ?), des jeux-vidéos (Baldur's Gate, Icewind Dale), des parties de jeux de rôle épique ... l'univers de Star Wars, qui souffre d'un nombre de retcon incalculable (merci les romans) et qui nous offre de chouettes jeux-vidéos (KOTOR, encore un coup de Bioware (qui a fait Baldur's Gate), il faut le noter) ... Tous ces univers qui se déclinent de façon parfois un brin improbable et parfois magique sont, même si une seule personne est à leur origine, devenu des univers collectifs, au final. Mais est-ce que ces univers sont stables, où est-ce qu'ils sont mouvants, changeants au fil des auteurs ? Je suppose que la deuxième hypothèse est celle pour laquelle je pencherai.

   Évidemment que c'est moins dramatique que dans le cadre de Riven ... de notre point de vue, et probablement parce que cela ne fait qu'ajouter une "couche" à un univers qui en possède probablement plusieurs (aah, Rand, toi qui explora les différentes possibilités de ton univers ... Aaah, les cours du Chaos, les Ombres et Ambre !). Mais quelles en sont les conséquences ? Est-ce que cela n'empêche-t-il pas l'univers de trouver une cohérence pour se renforcer ?

   Parce que des univers renforcés par les interventions collectives cohérentes existent. Il suffit de regarder la mythologie lovecraftienne, soutenue, entretenue et travaillée par d'autres auteurs que son créateur. La puissance d'un nom tel que Nécronomicon n'est-elle pas entretenue par le fait qu'aucun de ces auteurs n'ai réellement changé ce qu'il était, grimoire d'un arabe fou écrit sur de la peau humaine ? Chacun y a ajouté de son énergie sans y introduire de contradiction (du moins que je sache) ... est-ce cela qui fait que cet univers est aussi "fort" ?

   J'ai le cerveau un brin à l'envers, pour le moment. Mais cela m'intrigue, cette idée de cohérence stabilisante et renforçante, de chaos qui pourrait affaiblir ou causer l'existence de plusieurs couches qui se mêlent et se démêlent au fil des auteurs, lecteurs et amateurs.

   Hmmm ...

   Sur ce, je retourne regarder la suite de Myst III : Exile et à mon tricot. Cela reposera toujours mon cerveau !

3 commentaires:

  1. J'ai pas beaucoup de points communs avec mon père, mais y'a des choses avec laquelle ont est raccord. Et Myst... On passait des heures dessus chacun notre tour pour essayer d'aller plus loin que l'autre x) On se torturait l'esprit sur ce genre de jeu. Y'avait aussi Sibéria sur lequel on s'est "défoncé" :) Ces jeux, c'est de très bon souvenir pour moi.

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  2. Sybéria, je n'ai pas eu l'occasion d'y jouer, mais j'aimerai le trouver sur ordi :) un autre très bon jeu si tu aimes les point and click, c'est The Longuest Journey ;)

    C'est fou à quel point Myst semble avoir marqué beaucoup de gens, je trouve :D je redécouvre seulement le jeu, mais son ambiance m'avait vraiment fascinée

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  3. Bonjour Helja,

    J'aime beaucoup ton blogue et tes vidéos.

    Je partage la même passion que toi à l'histoire de Myst.

    Tu le sais peut-être : les auteurs des jeux ont réalisé 3 romans sur le monde de Myst :

    - Le livre d'Atrus : http://livre.fnac.com/a212010/Rand-Miller-Le-livre-d-Atrus

    - Le livre de Ti'ana : http://livre.fnac.com/a212009/Rand-Miller-Le-livre-de-Ti-ana

    - Le livre de D'ni : http://livre.fnac.com/a282196/Rand-Miller-Le-livre-de-D-ni



    En anglais, il existe un gros livre qui regroupe les 3 ouvrages avec des illustrations en noir et blanc : http://www.amazon.fr/The-Myst-Reader-Rand-Miller/dp/1401307817/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1340827642&sr=8-1

    Bonne continuation

    Vincent

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